Sacré chœur de Gilgamesh. Adaptation du texte et mise en scène : Nadine Walsh, assistée de Michel Levesque ; Interprètes : Jean-Sébastien Bernard, Franck Sylvestre, Nadine Walsh ; Conseiller aux arrangements vocaux : Michel Faubert ; Régie: Calex. Présenté le 5 décembre 2017 à Québec, à la Maison de la littérature
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Récit primordial s’il en est un, l’histoire de Gilgamesh remonte à 5000 ans, à l’époque où la Mésopotamie – berceau de la civilisation – connaissait les premières cités et les premiers écrits. Doyenne des histoires écrites, première entre toutes, elle a d’abord été diffusée dans l’ensemble du proche orient ancien – où on l’a retrouvée sur des tablettes d’argile, rédigée en langues aujourd’hui mortes – pour enfin se rendre jusqu’à nous. Gilgamesh, héros ancestral et homme-dieu des enfers, hante aujourd’hui une panoplie de jeux vidéos et on reconnait ici et là les bribes de ses aventures en version romanesque et bédéesque. Au Québec, l’honorable Jean Marcel nous en offrait la toute première traduction en français, réalisée à partir des textes sumériens originaux et de traductions anglaises et allemandes. À partir de son ouvrage, une adaptation sonore a été réalisée par André Major en 1976 pour Radio-Canada. L’ouvrage a été publié chez VLB en 1979, sous le titre Le Chant de Gilgamesh.
Il n’est pas anodin que cet ouvrage débute par Le Chant : on se doute bien que, par-delà les vénérables tablettes d’argile ou les actuelles tablettes numériques, les aventures de Gilgamesh ont principalement été transmises de bouche à oreille. C’est d’ailleurs sous cette forme orale que Nadine Walsh nous propose de replonger dans le récit de Gilgamesh, elle qui en a adapté les textes
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Elle précise d’ailleurs volontiers lorsqu’on l’interroge à ce sujet : J'ai tenté de rester le plus près de la version archaïque, je me suis basée sur L'Épopée de Gilgamesh, l'homme qui ne voulait pas mourir, traduit de l'akkadien par Jean Botéro, assyriologue français (chez Gallimard). Je me suis aussi nourrie du livre de Théodore H. Gaster Les plus anciens contes de l'humanité ainsi que Raconter et mourir de Thierry Hentsch ».
pour la scène. Présentée à la Maison de la littérature le 5 décembre dernier, Sacré Chœur de Gilgamesh raconte la naissance et les périples du roi, son amitié avec Enkidu et leurs combats. Ce mythe n’étant rien de moins qu’au fondement de l’humanité et de la littérature, on aurait pu s’attendre à une prestation fagotée de décorum ou encore à une scénographie garnie de motifs ou de fioritures à profusion, ancrée dans la tradition des arts décoratifs orientaux. Rien de cela dans la proposition de Nadine Walsh, qui profite d’une approche élémentaire, exploitant principalement les voix dans l’éventail de leurs possibilités narratives. Il est vrai que quelques effets visuels emballent le récit et viennent ajouter à la justesse du mouvement comme des éclairages finement ciselés ou de rares déplacements. Ainsi des mains deviennent adroitement des marionnettes, mimant un affrontement corps à corps, ou un ébat amoureux est représenté simplement par la proximité qu’impose le partage d’un seul micro à deux : l’économie des moyens laisse place à la puissance du récit et aux aptitudes des conteurs.

crédits photos: Marie-Andrée Lemire.