
Nous avons l’honneur et l’immense plaisir d’annoncer que Clément de Gaulejac est le lauréat du prix Spirale Eva-Le-Grand 2021-2022 pour son essai Tu vois ce que je veux dire ? Illustrations, métaphores et autres images qui parlent (Presses de l’Université de Montréal).
Composé des membres du comité de rédaction de Spirale, le jury souhaite récompenser l’auteur de cet essai pour l’ingéniosité et la rigueur de sa réflexion sur les rapports entre images et discours. Le jury a été frappé par l’habileté avec laquelle Clément de Gaulejac dialogue avec une diversité de théories et de concepts, tout en faisant entendre une voix d’essayiste forte, sans jamais verser dans l’académisme. Personnel et maîtrisé, le ton de l’essai témoigne d’un esprit bouillonnant et érudit qui sait manier, dans son propre discours, les images et les métaphores qui font l’objet même de ses analyses. Ce livre se présente ainsi comme un véritable terrain d’expérimentation sur les « images qui parlent », où l’essayiste côtoie l’artiste qui, soucieux de se positionner sur le plan social et politique, porte un regard critique sur sa propre pratique en arts visuels. C’est l’intelligence et l’élégance de la démonstration, le style vivant de l’écriture, mais aussi l’engagement ressenti tout au long de l’ouvrage que Spirale tient à souligner avec ce prix.
Le prix offert au lauréat de cette année consiste en deux œuvres de la série Ligatures (2018) de l’artiste Étienne Tremblay-Tardif. Intitulées Ligatures (entendement – endettement) et Ligatures (raisonnement – rationnement), ces compositions typographiques en résine acrylique proposent des amalgames de mots réunis par leur consonance. Au-delà du simple jeu de langage, ces œuvres accomplissent un travail étymologique critique, dans lequel un terme lié à l’idée de connaissance est associé à un terme connotant une forme de contrôle. À l’instar des images parlantes analysées par de Gaulejac, les discours imageants créés par Tremblay-Tardif problématisent la dialectique texte-image et développent, ce faisant, une « tactique artistique de critique sociale et politique », pour reprendre une expression forte de l’essai.
Nous félicitons chaleureusement le lauréat ainsi que les trois autres finalistes : Adel B. Khelifa (Le tour de la question, Poètes de brousse), Philippe Néméh-Nombré (Seize temps noirs pour apprendre à dire kuei, Mémoire d’encrier) et Josianne Poirier (Montréal fantasmagorique. Ou la part d’ombre des animations lumineuses urbaines, Lux Éditeur).