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« La guerre du monde » pour dire que désormais et plus que jamais toute guerre est mondiale, en ce qu’elle s’inscrit dans le tout du monde et concerne le monde dans son entier, à l’évolution duquel elle contribue; et pour rappeler que le monde est entré depuis la fin de la guerre froide dans une sorte de guerre générale permanente, où presque aucun affrontement particulier, qu’il soit économique, politique, culturel ou militaire, ne peut être compris en dehors d’elle. Dans la mesure où la guerre froide compartimentait le monde, elle faisait que le monde n’était pas encore tout à fait le monde. Qu’il s’agisse de guerres entre pays, entre nations, ou de guerres dites « internes », tous ces affrontements plus ou moins sanglants ont pour enjeu, chacun à son échelle, le devenir global de l’humanité. Il semble que l’humanité soit parvenue à une sorte de ligne de crête à partir de laquelle elle peut basculer vers une sorte de guerre civile sans fin contre elle-même, faite d’égoïsmes irréductibles, de destructions multiples et de haines implacables ou, sur l’autre versant, vers des conflits productifs, capables à long terme de remodeler les rapports planétaires en fonction d’un bien commun dont la définition sera toujours objet de controverses sans être nécessairement pour cela cause de destruction, de mépris, d’annihilation.
Voilà pourquoi il semble opportun aujourd’hui de penser la guerre dans toutes ses dimensions, dans tous ses aspects, plutôt que de s’imaginer combattre le spectre du terrorisme et vouloir plier l’autre à notre idéologie, à nos intérêts.