Cul-de-sac

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08.06.2017

Jusqu’où te mènera Montréal ?, idéation et mise en scène : Martin Faucher ; auteurs : Sébastien David, Alexis Diamond, Anne-Marie Guilmaine, Thomas Hellman, Pierre Lefebvre, Melissa Mollen Dupuis et Marie Louise Bibish Mumbu ; photographes : Jérémie Battaglia, Kevin Calixte et Léa Castonguay ; interprétation : Alex Bergeron, Karine Gonthier-Hyndman, Sharon Ibgui, Etienne Lou et Papy Maurice Mbwiti ; musique live : Navet Confit, Guido Del Fabbro et Benoit Landry ; lumières, assistance à la mise en scène et régie : Marie-Aube St-Amant‒Duplessis. Un spectacle de Jamais Lu et Théâtre Aux Écuries présenté à la Cinquième salle de la Place des arts les 7 et 8 juin 2017.

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Près de deux semaines après 100% Montréal, le spectacle d’ouverture du FTA 2017 présenté par le collectif berlinois Rimini Protokoll, on se retrouve à franchir les derniers miles de ce marathon, convié à la Cinquième salle de la Place des arts pour assister à un cabaret littéraire piloté par Martin Faucher, Jusqu’où te mènera Montréal ? Reprise d’un projet ayant vu le jour lors du Festival Jamais Lu, l’idée ici est de convier sept dramaturges à errer dans différents quartiers de Montréal question de faire jaillir les mots. Avec cinq comédiens et trois musiciens sur scène, les allures de cabaret se sont rapidement campées pour la suite des choses.

Heureux qui comme Ulysse

Arrivant en salle, les musiciens (Navet Confit, Guido Del Fabbro et Benoit Landry) improvisent sur des thèmes que comédiens, auteurs et même le metteur en scène leur fournissent. Tout le Montréal attendu y passe : les poutines de La Banquise, les Bixi, les sens uniques, les hipsters du Mile-End, le Journal de Montréal, etc. S’ouvrant sur une lecture épique du portrait de la ville tissé dans le guide touristique Ulysse, s’ensuit alors un chassé-croisé des comédiens lisant quelques réponses des dramaturges aux questions élaborées par Faucher. Pendant les lectures faites de façon anonyme, on tente de trouver la griffe de l’un et de l’autre à travers de chaque réponse et, plus la soirée avance, plus on excelle à ce jeu en tant que spectateur.

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Peut ensuite commencer le cabaret proprement dit. Défilant l’un à la suite de l’autre, chacun des dramaturges viendra brosser un portrait du quartier qu’on lui a assigné. D’abord sous l’angle des statistiques, puis en nous dévoilant leur excursion libre des lieux, certains élargiront leur rapport au quartier vers des questions plus grandes concernant la ville, tandis que d’autres iront vers des rencontres plus humaines. Sous ses airs anthropologiques, Jusqu’où te mènera Montréal se présente comme plusieurs variations sous un même thème.

Pierre Lefebvre se promène dans Parc-Extension, Sébastien David erre dans Saint-Michel, Marie Louise Bibiche Mumbu découvre Westmount, Thomas Hellman se perd dans Villeray, Anne-Marie Guilmaine se retrouve aux confins de Beaconsfield, Alexis Diamond retrouve un peu son enfance dans Hochelaga-Maisonneuve, alors que Mélissa Mollen Dupuis questionne notre rapport au fleuve en plein cœur du Vieux-Port. Cette cartographie partielle de Montréal amène à redécouvrir certains quartiers ainsi qu’à en apprendre sur ceux dont on ignorait presque l’existence.

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Quelques pépites

Que ce soit lorsque Lefebvre déplore le mauvais usage du français dans un quartier (Parc-Ex) ou lorsque Mumbu se rend compte que Westmount n’est pas nécessairement raciste, mais qu’on y pratique plutôt un communautarisme de riches : autant de bons moments qu’on passe durant ce spectacle de près de 2 heures 30. La découverte d’une absence complète d’individualité à Beaconsfield par les mots d’Anne-Marie Guilmaine, sûrement l’un des textes les plus forts de la soirée, ou encore le plaidoyer de Sébastien David pour le rinçage de nos plats d’humus et de fromage cottage, lui qui a senti au centre de tri de Saint-Michel l’effroyable odeur du mal rincé, parviennent à nous rattraper dans un spectacle qui pêche par sa longueur et sa répétition.

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C’est que le cabaret auquel on nous convie a, bien sûr, tous les aspects bancals d’un cabaret classique, textes en main et défilé de différents orateurs derrière un pied de micro. Si chacun des dramaturges semble avoir plongé dans le projet, s’installant à plusieurs reprises au cœur de leur quartier assigné, ils ont si peu de temps pour nous en faire un compte rendu. Mais même ce peu de temps semble long dans l’ensemble. Voilà un projet qui aurait gagné à se séparer dans le temps, en invitant les spectateurs et festivaliers pendant sept soirs différents à découvrir l’un des quartiers. La formule répétitive vient par plomber le spectacle, dont le côté organique de la proposition était trop peu présent.

Il va sans dire que le contexte de réception du FTA joue fort quant à l’appréciation de Jusqu’où te mènera Montréal ? Entre des performances et des propositions hautement polies, des productions extrêmement léchées et venant d’un peu partout sur le globe, un cabaret hommage à Montréal en plein cœur des festivités du 375e semble plutôt convenu et ne parvient pas à se distinguer par la force rassembleuse et festive qu’un tel projet devrait avoir. Il nous reste malheureusement, en sortant de la salle, l’impression d’avoir assisté à une fausse bonne idée. 

crédit photos : David Ospina
images d’accueil : Jérémie Battaglia

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